jeudi 6 octobre 2011

Récapitulatif


C'est difficile de décider par où commencer. Commencons par des excuses pour ce manque de nouvelles. C'est difficile de trouver un moment un moment pour se poser et coucher sur papier ce qu'il se passe. Et puis bon, raconter sa vie reste une activité légèrement narcissique et mon miroir me dit que j'ai déjà dépassé mon quota.
Continuons par des remerciement. Merci papa, merci maman de me permettre de profiter cette opportunité de découvrir un peu le monde. En même temps vous m'avez peut-être un peu prédestiné avec les expatriations diverses antérieures.

Donc, le Chili.
Le contexte actuel est une grève étudiante massive. L'éducation supérieure au Chili est majoritairement privée et même les organismes publics ne sont que vaguement supervisés par l'état. Celui-ci fixe un vague coût conseillé pour le prix de l'éducation, les universités font ensuite leur tambouille. Et leur tambouille est préparée avec une logique de profit, plus ou moins important. L'éducation est donc chère, très chère, la plus chère d'Amérique latine. Et pourtant, la qualité de l'éducation ne suit pas. Pour la petite histoire, le fonctionnement de l'éducation supérieure est régie par des lois fixées sous la dictature de Pinochet.
Et depuis quelques mois, ça a pété. Les étudiants demandent tout simplement l'éducation gratuite pour tous. Les universités publiques (dont la mienne) sont occupées par les étudiants. Dans les privées, ça dépend. Il y a des manifestations quasi hebdomadaires. Je reviendrai sur les manifs.
Les étudiants peuvent prendre exemple sur l'Argentine ou le Mexique (8 mois de grève) où l'éducation a fini par devenir gratuite à force de lutte.
Donc les étudiants sont vraiment pas contents. Mais là où ça devient intéressant, c'est que le mouvement s'est étendu au travailleurs. Parce que si le Chili est la meilleure économie d'amérique du sud, c'est seulement grâce à une politique ultra-libérale, la macro-économie va bien mais les gens ne voient pas forcément les résultats.
Une grosse revendication notamment tourne autour du cuivre. Privatisé petit à petit, il est exploité par des entreprises étrangères qui font un profit énorme et ne payent quasiment pas de taxes. Nationalisée, l'exploitation du cuivre couvrirait plus que largement le coût de l'éducation gratuite.
Cela tourne aussi en crise politique. Les gens en veulent aux politiques qui ont mené à cette situation. En plus de cela, moins de 20% des gens votent aux élections à cause d'un système d'inscription sur les listes électorales qui implique de payer une amende en cas d'abstention.
Les gens se sentent totalement déconnectés des politiques. La cote de popularité du président est très très faible.
En gros c'est un problème global sur le fonctionnement du Chili comme pays. Et ce qui est frappant, c'est que TOUT le monde est d'accord là dessus. Je ne crois pas avoir rencontré qui que se soit qui ne supporte pas les diverses revendications actuelles.

J'espère que cette fine analyse de la situation politico-économique intérieure vous aura plu.

Conséquence directe de tout cela sur ma vie : je n'ai quasiment pas cours. Seulement le mardi,mercredi et jeudi de 15h40 à 17h. Plutôt relax. Cependant, cela va changer bientôt car je vais devoir faire un semestre en deux mois. Les quelques cours que j'ai actuellement sont organisés spécialement pour les « gringos » (les étrangers (mais s'il y a deux étrangers et qu'on parle du gringo, on parle de l'américain) ) et consistent en des cours très tranquilles d'espagnole. A vrai dire, mon cours (communication orale) m'apprend bien moins que la vie quotidienne. Mais bon, ça permet de sociabiliser entre gringros.

La langue donc. Je suis arrivé avec un niveau très faible. Il y avait bien ces cours au lycée, mais depuis je n'avais pas vraiment pratiqué. Et jamais je n'avais vraiment parlé. Et puis, si on parlait espagnole au Chili ça serait facile, mais on parle Chilien. On ne prononce pas les « s », on oublie de prononcer les consonnes régulièrement. La langue est bourrée de « chilenismos », expressions n'existant qu'au Chili. Et par ce que ça serait trop simple sinon, les gens parlent très très très vite.
Concrètement, en arrivant je ne comprenais rien. Maintenant j'arrive à suivre une conversation, mais cela demande une concentration constante. En revanche, j'ai pu entendre de l'espagnol d'espagne (que je ne comprenais pas non plus en arrivant (pour être passé par l'aéroport de Madrid je le sais), et c'est trop facile !
Les progrès se font petit à petit. Ne pas avoir cours avec des Chiliens réduit quand même la possibilité de pratiquer. Dans les faits, je traine plutôt avec des américains des australiens et des Allemands, du coup j'ai dû plus pratiquer mon anglais que mon Espagnol. Mais bon, j'ai quand même la chance de vivre dans une maison peuplée exclusivement de Chiliens donc de retour à la casa, pas le choix. Bref, les progrès se font peut être plus lentement que prévu mais quand même, je peux converser, chose impossible à mon arrivée, et je suis confiant sur mes possibilités de progression d'ici une année passée ici.

Les gens donc. Comme indiqué ci-dessus, je traine plus avec des étrangers qu'avec des Chiliens. Déjà, l'absence de cours avec ceux-ci limite les possibilités. Et puis, nous les gringos, débarquons en ne connaissant personne. Du coup, c'est une sorte de sociabilisation accélérée qui s'impose entre nous. Les Chiliens ont déjà leurs bande d'amis et créer un lien demande le même temps qu'en France. On en recontre quand même durant nos soirées et petit à petit le contact se fait, mais rien à voir avec cette sociabilisation accélérée qu'il y a entre gringos. Malgré tout je commence à être pas mal pote avec certains de mes colocs.
J'ai rencontré plein de gens intéressants. Comme je disais à Mathieu sur le chat facebook, citation exacte : « 
j'pense que le fait d'être au Chili
enfin de partir au Chili
ça te filtre les cons ».
Franchement, y'a peu de cons.
La majorité des étrangers est constituée d'américains, ensuite il y a des allemands et des français en proportions égales. C'est assez marrant de découvre les différences de style de communication. Autant avec les allemands les choses se disent de la même manière, autant les américains c'est un autre monde. Surtout, le côté « be positive » à outrance et le principe du « I'm offended ». Si tu dis que tu n'aimes pas quelque chose, même s'il ne sont liés d'aucune manière avec la chose, ils risquent d'être « offended », parce que c'est pas positif. En fait, c'est même pas une question de ne pas être positif, c'est une question de rester politiquement correct. Mais bon c'est marrant, faut juste assumer de devenir « the offender ».
Continuons avec les généralisations. Parlons des Chiliens.Le Chilien n'a pas le côté extravagant du latino auquel on pourrait s'attendre. En fait le Chilien c'est l'Allemand d'Amérique latine. Mais derrière cet aspect quelque peu austère se cache un être au grand cœur et qui adore faire la fête. Je reviendrai sur les fêtes.

La ville. Valparaiso aka Valpo.
Très très jolie, avec des cerros (collines) colorées par des maisons peinturés de toutes les couleurs qui se jettent dans l'océan pacifique. Les murs sont couverts de fresques, chaque ruelle offre une découverte, c'est assez ouf. Le mieux c'est de le voir en vrai, ou alors en photos. Et puis cette ville a vraiment une âme, un truc palpitant vivant, j'aime cette ville. Bon certes, c'est un peu crade. Chose marrante, la ville est peuplée de chiens errants. Mais ils sont très gentils et parfois l'un « t'adopte » et te suit pour un bout de chemin. Je crois que cette ville est unique.
A côté de Valparaiso, il y a Vina del Mar. Station balnéaire pour les riches de santiago, Vina ressemble à une ville d'amérique du nord. C'est un peu fade. Bon certes, la plage est très agréable. A vina, il a un starbucks, un macdo, un mall : une fois de plus, c'est très américain. A Valpo, quand ils ont ouvert le macdo, il a brûlé dans la semaine. Cachai weon ? (« tu piges mec ? » (Chilien pur et dur, un espagnol ne catcherai pas)).

Je vis dans une barraque excellente. Vieille maison construite par un anglais au début du siècle dernier, elle n'a peut-être pas le confort certaines plus récentes, mais elle a un vrai cachet. Il paraît que la maison est posée sur des rails, ce qui lui permet de survivre en cas de tremblement de terre. Et puis je vis avec des gens excellent, une pure buena onda flotte ici. Et, je vis exclusivement avec des Chiliens (et un Mexicain), c'est certainement grâce à eux que je progresse le plus en espagnol. Les autres étrangers sont généralement dans des colocs entres étrangers, je suis vraiment avantagé par rapport à eux. Je tiens d'ailleurs à remercier Henri de l'ESIEE qui m'a mis en contact avec la proprio. La maison se situe en haut d'un escalier assez vertigineux. C'est fatiguant mais c'est le seul sport que je pratique ici, donc c'est pas plus mal. Je suis près de tout, j'ai un marché de fruits et légumes permanent en bas (faudra que je vous parle des oranges à 15 centimes le kilo), il y a pleins de bars dans la rue mais heureusement ma fenêtre donne de l'autre côté donc je n'ai pas le bruit.

Les bars donc. La vie nocture.
Les chiliens adorent faire la fête, et tard. Le Chilien est nocturne. La rue est animée tous les jours sauf le dimanche en gros. L'activité va en crescendo jusqu'au samedi soir. Une soirée type va commencer par un barbecue chez quelqu'un (le barbecue est une institution, si tu n'as pas de jardin tu le fais dans la rue, c'est normal). Le rendez-vous était à 20h, les gens commencent à arriver à 21h. On mange jusqu'à 23h puis discute tranquillement jusqu'à 1h ou 2h. Ensuite on sort, et ça peut durer jusqu'à 6h, 7h. C'est la norme ici. Vous comprendez pourquoi je suis content de ne pas avoir ma fenêtre donnant sur la rue.
Ici la fête est festive. Laissez moi vous expliquer. Les boîtes de nuit par exemple. En France (disons en France à Paris), j'aime pas trop ça. J'ai toujours l'impression que les gens y sont pour dire qu'il y sont. « Regarde moi, je suis en boîte ». Ici en revanche, les gens sont là pour s'amuser, vraiment. Résultat, je m'éclate aussi.

En soirée on boit du Pisco. Le pisco, c'est un distillat de raisin à 35° qui se mélange avec du coca ou tout autre soda. C'est une institution forte. C'est ce qui se boit quasi-exclusivement. C'est assez étonnant. Il y a aussi le terremoto (tremblement de terre). C'est du vin avec de la grenadine et de la glace. Induit une forte gueule de bois.

Puisque je parlais des boissons, parlons de la nourriture. Il y a les empanadas, de la pate à tarte fourrée avec de la viande et des oignons, ou bien d'autres choses. C'est bon, pas cher et ça fait grossir. Il y a aussi la sopapilla, un petit snack qui s'achète à tous les coins de rue : une galette faite à base de farine et de potiron d'après ce que j'ai pu comprendre, qui est frite devant vos yeux, sur laquelle vous pouvez ajouter du ketchup, de la moutarde, de la mayo, ou du aji.
Le completo. Un hot-dog avec de l'avocat et une TONNE de mayonnaise. On en mange une tonne au début puis on s'en dégoûte. Mais la tonne de mayonnaise est révélatrice de l'habitude chilienne d'ajouter de la mayo un peu partout. A noter que leur mayonnaise est light, parce que si on mangeait la même quantité en france, on vomirait avant la fin du completo.Il y a aussi la Chorillana, qui consiste à superposer une tonne de frites avec une tonne d'oignons frits, avec des œufs, des saucisses et de la viande. C'est bourratif.
Sinon, en terme de plats cuisinés maison, j'ai pu tester quelques trucs qui sont relativement bons mais pas très intéressants, la tendance est à tout mélanger dans une grande cocotte, résultat c'est assez fade.
Pour en revenir au prix des fruits et légumes, c'est donné. C'est ceux qu'on achète en France mais frais et pas chers. En revanche, à part pour ça, le prix de la vie n'est pas si donné que ça. Je m'attendais un peu à revivre la situation au Liban qui était vraiment pas cher, c'est pas le cas. Au final, les prix sont quasi équivalents à ceux de la France pour les produits de base (entendre riz-pâtes) mais dès que c'est pas produit localement, l'étiquette explose. Mais bon, je vis bien quand même !

Il y a sûrement pleins de choses à ajouter à ce rapide descriptif de ma situation au Chili. Si vous avez des questions spécifiques, n'hésitez pas à laisser un commentaire !

Pour finir, des news de moa en vrac :
Je vais bien, la vie est belle, vous me manquez quand même un peu, venez me voir, mes cours devraient reprendre dans les jours qui viennent, l'été commence.

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